Publié le 11 mars 2024

Contrairement à ce que l’on croit, l’immunothérapie n’est pas un médicament qui attaque le cancer, mais un interrupteur qui réveille la puissance de votre propre système immunitaire.

  • Le cancer survit en se camouflant pour endormir vos défenses naturelles ; l’immunothérapie lui arrache ce masque.
  • Cette approche transforme la philosophie du traitement : on ne détruit plus, on rééduque le corps pour qu’il se défende lui-même, à long terme.

Recommandation : Comprendre ce changement de paradigme est la première étape pour discuter avec votre équipe soignante au Québec des options qui s’offrent à vous.

Face à un diagnostic de cancer, le chemin à parcourir semble souvent pavé de termes médicaux intimidants comme la chimiothérapie ou la radiothérapie. Ces traitements, bien qu’efficaces, sont souvent perçus comme des armes lourdes, des forces extérieures venant bombarder l’organisme pour y détruire un ennemi. Mais si la véritable clé ne se trouvait pas dans un arsenal externe, mais bien à l’intérieur de vous ? Si votre propre corps, votre système immunitaire, possédait déjà l’armée la plus sophistiquée qui soit pour combattre la maladie ? C’est le changement de paradigme radical que propose l’immunothérapie.

Cette approche ne vise pas à introduire une nouvelle arme dans la bataille. Son but est bien plus subtil et puissant : elle agit comme un maître espion qui démasque le cancer, le rendant visible et vulnérable aux attaques de vos propres cellules de défense. C’est une véritable « rééducation » de votre allié intérieur. Au lieu d’être une victime passive du traitement, votre corps devient l’acteur principal de sa propre guérison. C’est une révolution qui, depuis les centres de recherche de Montréal jusqu’aux unités de soins partout au Québec, redéfinit l’espoir et la stratégie dans la lutte contre le cancer.

Cet article vous propose de plonger au cœur de cette révolution. Nous allons démystifier le fonctionnement de l’immunothérapie, comprendre en quoi elle diffère fondamentalement des autres traitements, et explorer les espoirs immenses mais aussi les défis qu’elle représente pour des patients comme vous. Préparez-vous à voir la lutte contre le cancer sous un jour entièrement nouveau.

Comment le cancer endort votre système immunitaire (et comment l’immunothérapie le réveille)

Pour comprendre l’immunothérapie, il faut d’abord saisir la ruse fondamentale du cancer. Votre système immunitaire, composé notamment de soldats d’élite appelés lymphocytes T, patrouille en permanence votre corps à la recherche d’anomalies. Normalement, une cellule cancéreuse, avec ses mutations, devrait être immédiatement identifiée et détruite. Mais le cancer est un maître du déguisement. Il parvient à activer des « freins » naturels présents sur vos lymphocytes T, des sortes d’interrupteurs de sécurité appelés « points de contrôle » (ou checkpoints). En appuyant sur ces freins, la tumeur se rend invisible. Elle envoie un message clair à vos défenses : « Circulez, il n’y a rien à voir ».

L’immunothérapie, et plus spécifiquement les médicaments appelés inhibiteurs de points de contrôle, agit en bloquant ce signal trompeur. Elle ne s’attaque pas directement au cancer, mais elle coupe le fil qui permet à la tumeur de maintenir les freins immunitaires enclenchés. Le résultat est spectaculaire : le lymphocyte T, libéré de cette emprise, « ouvre les yeux ». Il reconnaît enfin la cellule cancéreuse comme une ennemie et déclenche l’attaque. C’est une véritable guerre de l’information où l’on redonne à notre armée intérieure les bonnes instructions.

Recherche québécoise : vers des lymphocytes T « hyperactifs »

Au Québec, des chercheurs de l’Université de Montréal, comme le Dr Christopher E. Rudd, travaillent à rendre cette réponse immunitaire encore plus puissante. Ses travaux ont permis d’identifier une protéine qui agit comme un régulateur négatif sur les cellules T. En la modifiant, son équipe a réussi à créer une nouvelle forme d’immunothérapie où les cellules T deviennent hyperactives, leur permettant de mieux pénétrer dans la tumeur et de passer à l’attaque. C’est la preuve que nous affinons constamment notre capacité à « réveiller » cet allié intérieur.

Cette approche change complètement la perspective à long terme, comme l’explique un expert montréalais. Plutôt que de courir après les mutations constantes du cancer, on mise sur la capacité d’adaptation du système immunitaire.

Chaque fois qu’on cible les cellules cancéreuses, elles développent des mécanismes pour échapper au traitement. C’est pour cela qu’on a toujours un train de retard face au cancer… En renforçant le système immunitaire, on arrive à garder le cancer ‘dormant’ à long terme.

– Dr Catalin Mihalcioiu, Québec Science

On ne cherche plus seulement à détruire l’ennemi du jour, mais à établir une surveillance immunitaire durable qui peut contrôler la maladie sur des années.

Immunothérapie vs chimiothérapie : deux philosophies de traitement radicalement différentes

Si la chimiothérapie est souvent comparée à une « bombe » qui détruit toutes les cellules à division rapide (cancéreuses comme saines), l’immunothérapie relève d’une philosophie complètement différente. Il ne s’agit plus de destruction massive, mais d’une stratégie de renseignement et d’activation. La chimiothérapie est un agent externe qui fait le travail ; l’immunothérapie est un coach qui entraîne l’équipe locale pour qu’elle gagne le match elle-même.

Cette différence fondamentale a des conséquences majeures. Alors que les effets de la chimiothérapie (chute des cheveux, nausées) sont liés à la destruction de cellules saines, les effets de l’immunothérapie sont liés à l’activation du système immunitaire. De plus, la mémoire immunitaire peut offrir des réponses beaucoup plus durables. Une fois que le système a « appris » à reconnaître la tumeur, il peut la contrôler pendant très longtemps, parfois des années après l’arrêt du traitement. C’est un concept quasi inexistant avec la chimiothérapie traditionnelle.

L’illustration ci-dessous symbolise ces deux approches. D’un côté, la lumière clinique et froide de l’intervention externe ; de l’autre, la lumière chaude et naturelle qui représente la mobilisation des propres forces de guérison du corps.

Comparaison visuelle entre l'approche chimiothérapie et immunothérapie dans un environnement hospitalier québécois

Cette distinction se reflète également dans la manière dont les traitements sont administrés et dans leur rythme. Une chimiothérapie suit souvent des cycles intenses et rapprochés. Un traitement d’immunothérapie peut être administré de manière plus espacée, par exemple toutes les 3 ou 6 semaines, agissant comme des « rappels » pour maintenir le système immunitaire en alerte. L’objectif n’est pas l’éradication immédiate à tout prix, mais le contrôle à long terme de la maladie par l’organisme lui-même.

En somme, la chimiothérapie pose la question « Comment détruire la tumeur ? », tandis que l’immunothérapie demande « Comment apprendre au corps à détruire la tumeur ? ». Une nuance qui change tout.

Quand votre corps s’attaque à lui-même : comprendre et gérer les effets secondaires auto-immuns de l’immunothérapie

En levant les freins du système immunitaire pour qu’il attaque le cancer, on prend un risque calculé : celui qu’il devienne trop zélé et s’en prenne également à des cellules saines. C’est le principe des effets secondaires auto-immuns, la signature des immunothérapies. Au lieu des nausées ou de la perte de cheveux de la chimiothérapie, on peut voir apparaître des inflammations qui miment des maladies auto-immunes : des éruptions cutanées (dermatite), des diarrhées (colite), une inflammation des poumons (pneumonite) ou des dérèglements hormonaux.

La bonne nouvelle est que, dans la majorité des cas, ces effets sont légers ou modérés et réversibles. Selon les données de suivi, ils touchent principalement la peau, le côlon, le foie, les poumons et les organes endocriniens. L’élément le plus important pour vous, en tant que patient, est la vigilance. Apprendre à reconnaître les premiers signes et communiquer immédiatement avec votre équipe d’oncologie au Québec est crucial. Une diarrhée ou une toux qui pourrait sembler banale dans un autre contexte doit être signalée sans délai.

Le dialogue entre le patient, ses proches et l’équipe soignante est la pierre angulaire de la gestion de ces effets. Une identification précoce permet une prise en charge rapide, souvent avec des crèmes ou des médicaments anti-inflammatoires comme la cortisone, qui calment le système immunitaire sans forcément annuler l’efficacité du traitement contre le cancer.

Patient et proche aidant consultant une carte de surveillance des symptômes avec une infirmière

Les équipes d’oncologie au Québec sont aujourd’hui parfaitement formées pour gérer ces situations. Des protocoles clairs existent pour ajuster ou suspendre temporairement le traitement si nécessaire, le temps que l’inflammation se résorbe. La clé est de ne jamais banaliser un nouveau symptôme.

Votre plan de vigilance pour les effets secondaires

  1. Identifier les signaux : Soyez attentif à tout nouveau symptôme, même léger : fatigue inhabituelle, diarrhée, nouvel essoufflement, éruption cutanée, toux sèche. Notez la date d’apparition et l’intensité.
  2. Contacter l’équipe soignante : N’attendez pas le prochain rendez-vous. Appelez immédiatement l’infirmière pivot ou le secrétariat de votre service d’oncologie pour signaler ce que vous observez.
  3. Utiliser la carte d’alerte : Conservez toujours sur vous la carte de patient sous immunothérapie qui vous a été remise. En cas d’urgence, elle informera immédiatement le personnel médical du traitement que vous recevez.
  4. Comprendre les grades de toxicité : Votre équipe évaluera la sévérité (grade 1 à 4). Pour un grade 1, un traitement des symptômes peut suffire sans arrêter l’immunothérapie. Pour un grade 2 ou plus, une suspension et des corticoïdes sont souvent nécessaires.
  5. Suivre le plan d’action : Suivez scrupuleusement les indications de votre médecin (prise de corticoïdes, examens de suivi) pour permettre un retour sécuritaire au traitement dès que possible.

Loin d’être un signe d’échec, l’apparition de ces effets peut parfois même être le témoin que le système immunitaire se réveille. Les gérer fait partie intégrante de la stratégie thérapeutique.

Immunothérapie : pourquoi certains patients répondent-ils de manière spectaculaire et d’autres pas ?

C’est la question à un million de dollars et le plus grand défi actuel de l’immuno-oncologie. Alors que certains patients, même à des stades avancés, connaissent des rémissions complètes et durables, d’autres ne voient que peu ou pas de bénéfice. La recherche, notamment au Canada, travaille d’arrache-pied pour comprendre ces différences. Plusieurs pistes se dessinent, montrant que la « guerre de l’information » est plus complexe qu’il n’y paraît.

La première explication tient à la tumeur elle-même. Chaque cancer possède une « signature » unique. Certaines tumeurs, dites « chaudes », sont déjà infiltrées par des lymphocytes T et présentent de nombreuses mutations, ce qui les rend plus « visibles » pour le système immunitaire une fois les freins levés. D’autres, dites « froides », sont de véritables forteresses, sans soldat immunitaire à l’intérieur et avec peu de cibles à présenter. L’immunothérapie est logiquement plus efficace sur les tumeurs chaudes. Des tests existent, comme l’analyse du marqueur PD-L1, pour tenter de prédire cette réponse, mais ils sont encore imparfaits.

Comme le souligne un hématologue et chercheur montréalais, notre compréhension est encore en pleine évolution.

Ça reflète surtout le fait qu’on comprend encore très, très mal les relations entre le système immunitaire et le cancer. Le fait que dans certains cas, on puisse avoir des réponses quasi miraculeuses chez des patients réfractaires, alors que chez d’autres, aucune réponse, ça dépend probablement des facteurs qui sont en lien avec la tumeur elle-même.

– Dr Jean-Sébastien Delisle, Radio-Canada

Une autre piste fascinante est l’influence du microbiome intestinal. Des milliards de bactéries peuplent nos intestins et jouent un rôle clé dans l’éducation de notre système immunitaire. Des études suggèrent que la composition de cette flore intestinale peut influencer radicalement l’efficacité de l’immunothérapie.

Le microbiome : un allié inattendu dans la recherche canadienne

Une recherche canadienne pionnière a exploré cette voie chez des patients atteints de mélanome. Les chercheurs ont montré qu’une transplantation de microbiote fécal (transférer la flore intestinale d’un donneur sain répondant bien à l’immunothérapie) était sécuritaire et pouvait améliorer les résultats du traitement. Un nouvel essai clinique est en cours pour confirmer si cette combinaison peut « réchauffer » des tumeurs froides et rendre l’immunothérapie efficace pour un plus grand nombre de patients.

L’objectif futur n’est plus seulement de traiter, mais de savoir à l’avance qui bénéficiera de quel type d’immunothérapie, et comment transformer les non-répondants en répondants.

Après les « checkpoints » : quelles sont les prochaines vagues de l’immunothérapie ?

Les inhibiteurs de points de contrôle ont ouvert la voie, mais ils ne sont que la première vague de cette révolution. La recherche en immuno-oncologie bouillonne d’innovations, et le Québec est à l’avant-garde de plusieurs d’entre elles. L’idée n’est plus seulement de « libérer » les soldats existants, mais de créer de véritables « super-soldats » génétiquement modifiés pour traquer le cancer.

C’est le principe de la thérapie par cellules CAR-T. Cette technique de pointe consiste à prélever les lymphocytes T d’un patient, à les modifier en laboratoire pour y ajouter un « récepteur antigénique chimérique » (le fameux CAR) qui est une sorte de GPS ultra-précis programmé pour reconnaître une cible spécifique sur les cellules cancéreuses. Ces cellules modifiées sont ensuite réinjectées au patient. C’est le summum de la médecine personnalisée : vos propres cellules, transformées en un médicament vivant et intelligent.

Thérapie CAR-T à l’Hôpital Maisonneuve-Rosemont : une première canadienne

L’Hôpital Maisonneuve-Rosemont (HMR) à Montréal a été un pionnier dans ce domaine. L’hémato-oncologue Isabelle Fleury a participé aux essais cliniques qui ont prouvé l’efficacité spectaculaire des CAR-T dans certains cancers du sang. Pour des patients en échec thérapeutique complet, dont l’espérance de vie se comptait en mois, cette approche a permis d’obtenir des taux de rémission complète allant jusqu’à 40 ou 50%. Ces résultats, que Québec Science qualifie de « vague d’espoir », étaient tout simplement inimaginables il y a dix ans.

D’autres approches émergent, comme les vaccins thérapeutiques personnalisés ou les anticorps bispécifiques qui agissent comme un pont pour forcer la rencontre entre une cellule immunitaire et une cellule cancéreuse. L’avenir de l’immunothérapie sera probablement une combinaison de ces stratégies, adaptées à chaque patient et à chaque tumeur. Ces traitements, autrefois de la science-fiction, deviennent une réalité clinique et pourraient être utilisés pour près de 60 % des patients atteints d’un cancer de stade avancé d’ici quelques années, selon les projections.

Le rythme des découvertes est effréné, et chaque avancée nous rapproche d’un contrôle de plus en plus fin et personnalisé du cancer.

Chimiothérapie vs thérapie ciblée : pourquoi l’une est une « bombe » et l’autre un « missile de précision »

Pour pleinement apprécier la singularité de l’immunothérapie, il est utile de la situer par rapport aux autres grandes familles de traitements. Avant elle, la première grande révolution après la chimiothérapie fut l’avènement des thérapies ciblées. Si la chimiothérapie est une « bombe » qui frappe sans grande distinction, la thérapie ciblée est un « missile de précision ».

Son principe est de viser une anomalie moléculaire spécifique, une « faille » qui est présente sur les cellules cancéreuses mais absente (ou beaucoup moins présente) sur les cellules saines. Il peut s’agir d’une protéine mutée qui ordonne à la cellule de se diviser sans arrêt. La thérapie ciblée va alors bloquer spécifiquement cette protéine, coupant le moteur de la croissance tumorale. Cela explique pourquoi ses effets secondaires sont souvent différents et moins généralisés que ceux de la chimiothérapie.

Cependant, ce missile a une limite : il ne fonctionne que si la cible est présente. Il faut donc analyser la tumeur du patient pour rechercher ces anomalies spécifiques avant de pouvoir proposer le traitement. De plus, comme nous l’avons vu, le cancer est malin : il peut muter à nouveau et trouver un autre chemin pour continuer sa croissance, rendant le « missile » inefficace. C’est ici que l’immunothérapie introduit une troisième philosophie : au lieu de cibler la cellule cancéreuse (comme la chimio ou la thérapie ciblée), on cible le système immunitaire pour qu’il s’adapte et combatte la tumeur, quelles que soient ses futures mutations.

Chaque approche a sa place dans l’arsenal thérapeutique, et elles sont de plus en plus souvent combinées pour un effet synergique.

Psoriasis : quand votre système immunitaire s’attaque à votre peau

Pour bien comprendre les effets secondaires auto-immuns de l’immunothérapie, il peut être éclairant de regarder une maladie où le système immunitaire est naturellement « déréglé » : le psoriasis. Dans cette condition, qui n’est absolument pas contagieuse, le système immunitaire s’emballe et attaque par erreur les propres cellules de la peau du patient. Il ordonne à la peau de se renouveler beaucoup trop vite, en quelques jours au lieu d’un mois, ce qui provoque l’apparition de plaques rouges et de squames.

Le psoriasis est l’exemple parfait d’une réaction inflammatoire inappropriée, orchestrée par les mêmes cellules T qui combattent le cancer. C’est une démonstration de ce qui peut arriver lorsque les « freins » du système immunitaire ne fonctionnent pas correctement. On voit donc immédiatement le lien : si l’immunothérapie consiste à relâcher ces freins pour combattre le cancer, elle peut potentiellement, chez certains patients, induire ou aggraver des réactions similaires à celles du psoriasis.

Cela soulève des questions importantes pour les patients qui ont déjà une maladie auto-immune comme le psoriasis et qui doivent recevoir une immunothérapie pour un cancer. La décision de traiter se fait alors au cas par cas, en pesant soigneusement les risques et les bénéfices. Une surveillance étroite par l’oncologue et un dermatologue est alors indispensable pour gérer à la fois le cancer et la maladie de peau. C’est un équilibre délicat, mais que les équipes médicales apprennent de mieux en mieux à maîtriser.

Cette compréhension démystifie les risques et renforce l’importance d’une communication transparente avec l’équipe de soins.

À retenir

  • L’immunothérapie ne tue pas le cancer directement, mais rééduque votre système immunitaire pour qu’il le fasse lui-même.
  • Les effets secondaires sont différents de la chimiothérapie : ils proviennent d’une sur-activation de vos défenses et nécessitent une vigilance et une communication immédiate.
  • Le succès du traitement dépend de nombreux facteurs, incluant la « signature » de la tumeur et même votre microbiome, un champ de recherche très actif au Canada.

La révolution des médicaments « intelligents » : comment les thérapies ciblées frappent la maladie au cœur

En fin de compte, l’immunothérapie et les thérapies ciblées sont les deux facettes d’une même révolution en oncologie : l’ère des médicaments « intelligents ». Nous sommes sortis de l’approche unique de la chimiothérapie pour entrer dans une médecine de précision, où le traitement est de plus en plus adapté à la biologie de la tumeur et du patient.

Les thérapies ciblées frappent la maladie au cœur de ses mécanismes de croissance, en exploitant une vulnérabilité moléculaire spécifique. L’immunothérapie, elle, frappe au cœur de la stratégie d’évasion du cancer, en restaurant la capacité de l’organisme à se défendre. Ce sont deux approches complémentaires qui transforment le pronostic de nombreux cancers, comme le mélanome, le cancer du poumon ou du rein.

L’impact est déjà massif. En France, par exemple, près de 75 000 patients ont bénéficié d’une immunothérapie en 2022. Au Québec, des centres comme l’Hôpital Maisonneuve-Rosemont deviennent des pôles mondiaux pour le développement de ces thérapies cellulaires avancées. Le plus passionnant est que nous n’en sommes qu’au début. La recherche s’oriente vers des combinaisons de plus en plus fines : associer une thérapie ciblée pour affaiblir la tumeur, puis une immunothérapie pour laisser le système immunitaire l’achever.

C’est cette synergie qui représente le plus grand espoir. Comme le résume parfaitement un article de la revue de référence Québec Science, la philosophie a changé du tout au tout.

Contrairement aux chimiothérapies ou aux thérapies ciblées, qui détruisent les cellules malades, l’immunothérapie vise plutôt les globules blancs du patient, en particulier ses lymphocytes T, afin de les rendre plus efficaces contre la tumeur. De quoi combattre le mal de l’intérieur, avec ses propres armes et sur la durée.

– Québec Science, Article sur l’immunothérapie

Mettre en perspective cette révolution des traitements intelligents permet de comprendre que vous êtes au cœur d’une nouvelle ère de la médecine.

Pour vous, en tant que patient, la prochaine étape essentielle est d’ouvrir le dialogue avec votre équipe soignante. Discutez de votre situation, de la biologie de votre tumeur, et demandez si ces approches intelligentes peuvent faire partie de votre plan de traitement personnalisé.

Questions fréquentes sur l’immunothérapie et les maladies auto-immunes

Si j’ai une maladie auto-immune comme le psoriasis, puis-je recevoir une immunothérapie ?

L’immunothérapie peut parfois réactiver le système immunitaire contre les cellules normales de l’organisme et être ainsi à l’origine de symptômes auto-immuns ou de pathologies inflammatoires. La présence d’une maladie auto-immune préexistante n’est pas une contre-indication absolue, mais elle demande une évaluation individuelle très attentive par votre oncologue pour peser les bénéfices contre les risques.

Comment distinguer un effet secondaire de l’immunothérapie d’une poussée de psoriasis ?

Bien que les deux puissent se manifester sur la peau, les effets secondaires de l’immunothérapie peuvent toucher une plus grande variété d’organes, notamment le côlon, le foie, les poumons et les glandes endocriniennes. Seule votre équipe médicale, en collaboration avec un dermatologue si nécessaire, pourra faire la distinction précise grâce à des examens et en évaluant l’ensemble de vos symptômes.

Les médicaments pour le psoriasis peuvent-ils interférer avec l’immunothérapie du cancer ?

Oui, c’est une possibilité. Certains traitements pour le psoriasis, notamment les médicaments biologiques, agissent en supprimant des parties spécifiques du système immunitaire. Ces mêmes voies peuvent être importantes pour l’efficacité de l’immunothérapie contre le cancer. Une coordination très étroite entre votre dermatologue et votre oncologue est donc essentielle pour ajuster les traitements de la manière la plus sécuritaire et efficace possible.

Rédigé par Mathieu Leclerc, Journaliste scientifique spécialisé en technologies de la santé depuis une décennie, Mathieu Leclerc a pour mission de décrypter l'innovation médicale pour le grand public. Il possède une expertise pointue sur l'impact de la télémédecine, de l'intelligence artificielle et des objets connectés sur notre système de santé.