Publié le 12 avril 2024

En résumé :

  • La radiothérapie n’est pas une force brute mais une technique de haute précision qui cible l’ADN des cellules cancéreuses.
  • Chaque traitement est 100% personnalisé grâce à une séance de simulation (ou « repérage ») qui cartographie votre anatomie au millimètre près.
  • Une séance quotidienne est très rapide (quelques minutes de rayons) et vous n’êtes absolument pas radioactif après.
  • Les effets secondaires, comme les réactions cutanées, sont localisés et peuvent être gérés efficacement avec des soins adaptés.
  • Votre rôle est essentiel : en communiquant avec l’équipe soignante et en prenant soin de vous, vous devenez un partenaire actif de votre guérison.

Recevoir un diagnostic de cancer est une épreuve. Lorsque le mot « radiothérapie » est prononcé, une nouvelle vague d’inquiétudes peut déferler. Des images de brûlures, la peur de devenir « radioactif » ou l’appréhension d’une machine immense et impersonnelle sont des réactions communes et parfaitement légitimes. On vous a peut-être dit que c’est un traitement efficace, mais l’inconnu reste une source d’anxiété profonde. Vous vous demandez comment des rayons invisibles peuvent guérir sans tout détruire sur leur passage et, surtout, comment vous allez vivre ces semaines de traitement au quotidien.

L’idée reçue la plus tenace est celle d’un traitement agressif et archaïque, une sorte de bombardement aveugle. Pourtant, cette vision est à l’opposé de la réalité moderne. Si la radiothérapie existe depuis plus d’un siècle, elle a connu des avancées spectaculaires, notamment grâce à des innovations canadiennes. Mais si la véritable clé n’était pas seulement dans la technologie, mais dans la compréhension profonde de son fonctionnement ? Comprendre que la radiothérapie n’est pas une force brute, mais une science de la précision extrême, une sorte de balistique chirurgicale à l’échelle cellulaire.

Cet article a pour mission de vous accompagner, pas à pas, derrière les portes du département de radio-oncologie. En tant que physicien médical et technologue, mon rôle est double : vous rassurer par la science et vous guider par l’expérience humaine. Nous allons ensemble démystifier le principe des rayons, détailler la chorégraphie millimétrée d’une séance, déconstruire les mythes persistants et vous donner les clés concrètes pour gérer les effets du traitement. L’objectif est simple : transformer votre appréhension en confiance et faire de vous un partenaire éclairé et serein de votre propre parcours de soin.

Pour naviguer sereinement dans les informations qui suivent, ce guide est structuré pour répondre à chacune de vos interrogations, depuis les principes fondamentaux jusqu’aux aspects les plus pratiques de votre quotidien durant le traitement.

Comment des rayons peuvent-ils traiter un cancer ? Le principe de la radiothérapie expliqué

L’idée d’utiliser des rayons pour soigner peut sembler paradoxale. Pour le comprendre, il ne faut pas imaginer un « incendie » qui brûle tout, mais plutôt une clé microscopique conçue pour saboter une serrure bien précise : l’ADN des cellules cancéreuses. La radiothérapie utilise des rayonnements ionisants de haute énergie (des photons, comme des rayons X ultra-puissants) qui, en traversant les tissus, provoquent des cassures dans la double hélice de l’ADN. Les cellules saines possèdent des mécanismes de réparation très efficaces et peuvent survivre à ces dommages. En revanche, les cellules cancéreuses, par nature instables et se divisant rapidement, sont beaucoup moins aptes à se réparer. Les lésions s’accumulent séance après séance, jusqu’à ce que l’ADN soit trop endommagé pour fonctionner. La cellule tumorale, incapable de se répliquer, signe alors son propre arrêt de mort.

Cette approche ciblée est l’héritage d’innovations majeures. Fait remarquable, le Canada a joué un rôle pionnier. En 1951, une équipe de chercheurs canadiens a mis au point la « bombe au cobalt », le premier appareil capable de délivrer une dose de radiation en profondeur avec une relative précision. Une étude sur l’impact de cette invention montre qu’elle a révolutionné le traitement du cancer et aidé plus de 70 millions de personnes dans le monde. Aujourd’hui, les accélérateurs linéaires modernes ont remplacé cette technologie, offrant une précision et une sécurité encore bien supérieures.

Votre traitement est orchestré par une équipe multidisciplinaire où chaque membre a un rôle essentiel. Vous ne serez jamais seul face à la machine. Cette équipe comprend typiquement :

  • Le radio-oncologue : C’est le médecin chef d’orchestre. Il pose l’indication, définit la zone à traiter, la dose totale et le nombre de séances. Il vous suit en consultation tout au long du traitement.
  • Le physicien médical : C’est l’architecte de votre plan de traitement. Il utilise des logiciels sophistiqués pour calculer la trajectoire des faisceaux, s’assurer que la dose maximale atteint la tumeur tout en protégeant les organes sains avoisinants. Il est le garant de la qualité et de la sécurité.
  • Le technologue en radio-oncologie (ou manipulateur) : C’est la personne que vous verrez tous les jours. Il vous installe avec précision sur la table de traitement, opère la machine et s’assure que chaque séance se déroule exactement comme prévu. C’est votre principal point de contact au quotidien.

Cette triade d’experts collabore pour faire de votre traitement une procédure personnalisée et sécuritaire, bien loin de l’image d’un rayonnement incontrôlé.

La séance de simulation : l’étape clé pour une radiothérapie de haute précision

Avant même de commencer la première séance de traitement, une étape fondamentale a lieu : la simulation, aussi appelée « séance de repérage ». C’est sans doute le rendez-vous le plus important de tout votre parcours, car c’est là que l’on crée la « cartographie 3D » personnalisée de votre corps. Cette séance, qui dure généralement entre 60 et 90 minutes, consiste à réaliser un scanner (tomodensitométrie ou TDM) dans la position exacte où vous serez traité chaque jour. Le but n’est pas diagnostique, mais bien de localiser au millimètre près la tumeur et les organes à protéger.

Durant cette simulation, l’équipe va définir et parfois créer des accessoires d’immobilisation. Si la zone à traiter est la tête ou le cou, on confectionnera un masque thermoplastique sur mesure. Ce masque, qui peut paraître impressionnant, n’est pas là pour vous contraindre, mais pour garantir une reproductibilité parfaite de votre positionnement. Il assure que les rayons atteignent leur cible avec une précision infaillible à chaque séance.

Masque thermoplastique personnalisé pour radiothérapie en cours de moulage sur le visage d'un patient

Comme le montre l’image, ce masque est moulé directement sur vous pour être parfaitement adapté. Une fois la position idéale trouvée, l’équipe réalisera de petits points de tatouage discrets sur votre peau. Ces points servent de repères externes, une sorte de « GPS corporel » que les lasers de la salle de traitement utiliseront pour vous aligner chaque jour. Pour vous préparer à ce rendez-vous crucial, voici quelques conseils pratiques adaptés au contexte québécois :

  • Pensez à amener votre carte d’assurance maladie (RAMQ) valide et votre carte d’hôpital.
  • Apportez la liste de vos médicaments ou les contenants originaux.
  • Portez des vêtements confortables, sans métal (fermetures éclair, boutons pression) qui pourraient créer des artéfacts sur les images du scanner.
  • N’hésitez pas à venir accompagné si vous êtes anxieux. Des organismes comme la Fondation québécoise du cancer peuvent aussi vous offrir un soutien psychologique.

Cette étape de simulation transforme une approche médicale en un plan de traitement unique, le vôtre. C’est la garantie que la puissance des rayons sera dirigée avec une intelligence chirurgicale.

Une séance de radiothérapie au quotidien : 15 minutes sur place, 2 minutes de traitement

L’une des plus grandes surprises pour les patients est la rapidité du traitement lui-même. Une fois la phase de simulation terminée, les séances quotidiennes suivent une routine bien établie, une sorte de chorégraphie millimétrée conçue pour être aussi efficace et brève que possible. En général, il faut prévoir environ 15 à 20 minutes de présence dans le service, mais l’irradiation réelle est extrêmement courte. En effet, selon la Fondation québécoise du cancer, le traitement lui-même ne dure que 1 à 5 minutes. La majorité du temps est consacrée à votre installation précise.

Voici le déroulement typique d’une séance :

  1. L’accueil : Le technologue en radio-oncologie vous appelle dans la salle de traitement.
  2. L’installation : Vous vous allongez sur la table de traitement, dans la même position que lors de la simulation. Le technologue utilise les points de tatouage et les lasers de la salle pour vous positionner avec une précision submillimétrique. Les accessoires (masque, coussins) sont mis en place.
  3. La vérification : L’équipe quitte la salle mais vous reste visible via des caméras et en communication par interphone. Ils réalisent des images de contrôle (rayons X ou petit scanner) pour vérifier que votre position est absolument parfaite avant de délivrer les rayons.
  4. Le traitement : L’accélérateur linéaire, un appareil qui peut tourner à 360° autour de vous, se met en marche. Vous entendrez un bourdonnement, mais vous ne sentirez, ne verrez et n’entendrez absolument rien provenant des rayons. Le traitement est totalement indolore.
  5. La fin : L’appareil s’arrête, l’équipe revient vous aider à vous relever, et votre séance est terminée. Vous pouvez reprendre vos activités normales.

La contrainte principale de la radiothérapie est souvent logistique, car elle impose des déplacements quotidiens (généralement 5 jours par semaine) sur plusieurs semaines. Pour les patients habitant loin des centres hospitaliers, cette contrainte est majeure. Au Québec, des solutions existent pour alléger ce fardeau.

L’Hôtellerie Norman Fortier : une solution d’hébergement à Montréal

Gérée par la Fondation québécoise du cancer, l’Hôtellerie Norman Fortier, située à quelques pas de l’Hôpital Notre-Dame et du CHUM, offre un hébergement abordable spécifiquement pour les personnes en traitement contre le cancer. Pour un coût modique, les patients peuvent séjourner dans un environnement sécuritaire et adapté, réduisant ainsi le stress et la fatigue liés aux transports quotidiens. Cette ressource est un exemple concret du soutien offert pour que les patients puissent se concentrer sur l’essentiel : leur guérison.

Peau irradiée : comment prévenir et soigner les rougeurs et les irritations de la radiothérapie

La peur d’être « brûlé » par les rayons est l’une des appréhensions les plus courantes. Il est important de clarifier ce point : la radiothérapie ne provoque pas une brûlure au sens thermique du terme, mais une réaction inflammatoire de la peau, semblable à un coup de soleil, appelée radiodermite. Cette réaction est normale et attendue, car une partie de l’énergie des rayons est déposée dans la peau pour atteindre la tumeur. Son intensité varie beaucoup d’une personne à l’autre et dépend de la dose reçue et de la zone traitée. Heureusement, cette réaction est presque toujours réversible et peut être très bien gérée avec des soins préventifs et adaptés.

La gestion de votre peau devient une partie active de votre traitement. Vous êtes le premier acteur de la prévention. L’équipe soignante vous donnera des consignes précises, mais voici le protocole de soins généralement recommandé dans les départements de radio-oncologie au Québec :

Main appliquant délicatement une crème apaisante sur une peau marquée par la radiothérapie

L’application douce et régulière d’une crème hydratante est le geste le plus important pour maintenir l’élasticité de la peau et apaiser l’inflammation. Il faut voir cela non pas comme une contrainte, mais comme un moment de soin que vous vous accordez. Le protocole est simple et efficace :

  1. Utilisez exclusivement les crèmes recommandées par votre équipe (souvent à base d’acide hyaluronique ou de calendula, toujours sans parfum ni alcool).
  2. Appliquez la crème en couche fine 2 à 3 fois par jour, mais jamais dans les 2 heures précédant votre séance, pour ne pas modifier la dose de rayons reçue par la peau.
  3. Nettoyez la zone traitée avec un savon doux (surgras, sans parfum) et de l’eau tiède, en tamponnant pour sécher, sans frotter.
  4. Portez des vêtements amples, de préférence en coton ou en fibres naturelles, pour minimiser les frottements.
  5. Protégez impérativement la zone du soleil (vêtements, écran total indice 50+) pendant le traitement et pendant au moins un an après la fin, car la peau reste photosensible.

Votre plan d’action pour le suivi cutané

  1. Inventaire des produits : Faites la liste de vos produits d’hygiène actuels (savon, déodorant, parfum, crème). Montrez cette liste à votre technologue pour valider ce que vous pouvez continuer à utiliser.
  2. Achat de la crème recommandée : Procurez-vous la crème hydratante spécifique conseillée par l’équipe soignante dès le début du traitement. Ne la remplacez pas par une autre sans leur accord.
  3. Planification des applications : Intégrez l’application de la crème dans votre routine quotidienne (matin, soir, et une fois dans la journée), en veillant à respecter la fenêtre de 2 heures avant la séance.
  4. Inspection quotidienne : Chaque jour, prenez le temps d’observer la zone traitée. Notez l’apparition de rougeurs, de sécheresse ou de démangeaisons et signalez immédiatement tout changement à l’équipe.
  5. Adaptation vestimentaire : Triez votre garde-robe pour privilégier les vêtements amples et en matières naturelles qui seront en contact avec la zone irradiée.

Radiothérapie : 5 mythes et vérités pour ne plus avoir peur des rayons

L’anxiété face à la radiothérapie est souvent nourrie par des mythes et des idées fausses profondément ancrés. Démystifier ces croyances est essentiel pour aborder le traitement avec sérénité et confiance. Armé des bonnes informations, vous pouvez transformer la peur de l’inconnu en une compréhension factuelle.

Mythe n°1 : « Je vais être radioactif et dangereux pour mes proches. »

Vérité : C’est probablement le mythe le plus répandu et le plus faux. Dans le cas de la radiothérapie externe (la plus commune), les rayons sont produits par une machine, traversent votre corps pour atteindre la tumeur, et disparaissent instantanément une fois la machine éteinte. C’est comme une ampoule : quand vous l’éteignez, la lumière cesse d’exister. Vous ne stockez aucune radioactivité. Vous pouvez donc sans aucun risque prendre vos enfants ou petits-enfants dans vos bras, dormir avec votre conjoint et avoir une vie sociale normale dès la sortie de votre séance.

Mythe n°2 : « Le traitement est douloureux, ça va me brûler. »

Vérité : Comme nous l’avons vu, les rayons sont invisibles, inodores et totalement indolores lors de leur passage. Vous ne sentez absolument rien pendant les quelques minutes d’irradiation. La sensation de « brûlure » est en fait une réaction cutanée (radiodermite) qui peut apparaître progressivement, mais ce n’est pas une douleur liée à l’application des rayons eux-mêmes.

Mythe n°3 : « Je vais perdre tous mes cheveux et être très malade. »

Vérité : C’est une confusion fréquente avec la chimiothérapie, qui est un traitement systémique (agissant dans tout le corps). La radiothérapie est un traitement local. Ses effets secondaires sont circonscrits à la zone irradiée. Vous ne perdrez vos cheveux que si votre cuir chevelu est dans le champ de traitement. De même, les nausées sont rares, sauf si l’abdomen ou une partie du système digestif est irradié.

Mythe n°4 : « La radiothérapie est une technologie dépassée. »

Vérité : C’est tout le contraire. La radio-oncologie est l’un des domaines médicaux qui a le plus bénéficié des avancées informatiques et technologiques. Les appareils modernes permettent des techniques extraordinairement complexes comme la radiothérapie conformationnelle avec modulation d’intensité (RCMI) ou la stéréotaxie, qui sculptent la dose de rayons à la forme exacte de la tumeur en épargnant les tissus sains. L’innovation est constante, comme en témoigne une première canadienne récente. En 2024, l’Hôpital Charles-Le Moyne est devenu le premier au Canada à utiliser l’appareil Accuray Radixact, un système de nouvelle génération qui améliore la vitesse et la précision, permettant de traiter plus de patients et de réduire les listes d’attente.

Mythe n°5 : « C’est un traitement de la dernière chance. »

Vérité : La radiothérapie est un pilier majeur du traitement du cancer, utilisée seule ou en combinaison avec la chirurgie, la chimiothérapie ou l’immunothérapie. Elle peut être utilisée dans un but curatif pour éradiquer complètement une tumeur, mais aussi pour réduire la taille d’une tumeur avant une chirurgie (néoadjuvant), pour éliminer les cellules restantes après une chirurgie (adjuvant), ou pour soulager des symptômes comme la douleur (palliatif). Plus de la moitié des patients atteints d’un cancer seront traités par radiothérapie au cours de leur maladie, ce qui en fait une modalité thérapeutique centrale et non une option de dernier recours.

Scanner et rayons X : quelle est la dose de radiation et faut-il vraiment s’en inquiéter ?

Une question légitime se pose souvent : si les rayons peuvent détruire des cellules, qu’en est-il de la dose reçue lors des examens d’imagerie, comme le scanner de planification ? En tant que physicien médical, il est essentiel de mettre les choses en perspective. Il faut distinguer radicalement la dose diagnostique de la dose thérapeutique. Leur ordre de grandeur et leur objectif sont incomparables.

La dose en radiologie est mesurée en Gray (Gy) ou en milligray (mGy). Un scanner de planification, qui sert à obtenir des images de haute qualité pour dessiner le plan de traitement, délivre une dose très faible, de l’ordre de quelques milligrays. Une dose thérapeutique, conçue pour tuer des cellules, est des milliers de fois plus élevée. Une seule séance de radiothérapie délivre environ 2 Gy, soit 1000 à 2000 fois plus que la dose d’un scanner.

La justification de chaque exposition est la clé. La faible dose d’un scanner est justifiée par l’information cruciale qu’il fournit pour planifier un traitement précis. La dose élevée d’une séance de radiothérapie est justifiée par la nécessité de détruire une tumeur mortelle. Le bénéfice surpasse alors de très loin le risque théorique. Le tableau suivant, basé sur des données de l’Institut de Radioprotection et de Sûreté Nucléaire (IRSN), met ces chiffres en perspective.

Comparaison des doses : scanner de planification vs traitement de radiothérapie
Type d’exposition Dose typique Équivalent en radiographie thoracique Objectif
Scanner de planification 2-10 mGy 20-100 radiographies Imagerie diagnostique pour localiser la tumeur
Séance de radiothérapie (dose quotidienne) 1,8-2 Gy 18 000-20 000 radiographies Destruction ciblée des cellules cancéreuses
Traitement complet (25-35 séances) 45-70 Gy 450 000-700 000 radiographies Éradication de la tumeur

Ce tableau illustre l’énorme fossé qui sépare l’imagerie du traitement. S’inquiéter de la dose d’un scanner de planification est un peu comme s’inquiéter de boire un verre d’eau quand on est sur le point de traverser un désert. L’un est négligeable par rapport au bénéfice vital apporté par l’autre. Chaque rayon utilisé en médecine est le fruit d’un calcul bénéfice/risque rigoureux, où la priorité absolue est votre santé et votre sécurité.

Pourquoi la chimiothérapie rend-elle malade ? Le principe d’un traitement qui cible les cellules qui se divisent vite

Pour beaucoup de patients, « cancer » rime avec « chimio » et ses effets secondaires redoutés : nausées, fatigue, perte de cheveux. Il est crucial de comprendre pourquoi la chimiothérapie et la radiothérapie, bien que toutes deux visant à détruire les cellules cancéreuses, n’ont pas du tout le même profil d’effets secondaires. La différence fondamentale réside dans leur mode d’action : localisé pour la radiothérapie, systémique pour la chimiothérapie.

La chimiothérapie consiste à injecter des médicaments dans la circulation sanguine. Ces substances voyagent dans tout le corps et ciblent les cellules qui se divisent rapidement. C’est une stratégie efficace car les cellules cancéreuses ont une croissance anarchique et rapide. Le problème est que d’autres cellules saines de notre corps se divisent aussi naturellement vite : les cellules des follicules pileux (cheveux), de la paroi de l’intestin (digestion), et de la moelle osseuse (globules blancs, rouges, plaquettes). En les attaquant, la chimiothérapie provoque des effets « systémiques », c’est-à-dire dans tout l’organisme, d’où la chute des cheveux, les troubles digestifs et la baisse des défenses immunitaires.

La radiothérapie, elle, est un traitement local. Telle un sniper, elle ne vise que la zone définie lors de la simulation. Si l’on irradie une tumeur au poumon, seuls les tissus du thorax seront touchés. Il n’y aura aucun effet sur les cheveux, les ongles ou les cellules de l’intestin (sauf si l’abdomen est dans le champ). Le tableau ci-dessous, basé sur des informations de l’Institut National du Cancer (INCa), résume ces différences clés.

Radiothérapie vs Chimiothérapie : effets secondaires localisés vs systémiques
Aspect Radiothérapie Chimiothérapie
Zone d’action Localisée (zone traitée uniquement) Systémique (corps entier)
Effets sur la peau Rougeurs locales comme un coup de soleil Peu d’effets cutanés directs
Fatigue Modérée, augmente progressivement Intense, dès les premières séances
Nausées Rares (sauf abdomen irradié) Fréquentes
Perte de cheveux Seulement dans la zone irradiée Souvent complète
Durée des effets Quelques semaines après la fin Variable selon le protocole

Il arrive cependant que les deux traitements soient combinés. C’est ce qu’on appelle la radiochimiothérapie concomitante. Comme le souligne l’Institut National du Cancer, « certains médicaments de chimiothérapie peuvent être donnés en même temps qu’une radiothérapie car ils rendent les cellules cancéreuses plus sensibles aux rayons et augmentent ainsi leur efficacité ». Dans ce cas, les effets secondaires des deux traitements peuvent s’additionner, ce qui demande un suivi médical encore plus étroit.

À retenir

  • La radiothérapie moderne est une technique de haute précision qui cible spécifiquement la tumeur en préservant au maximum les tissus sains, bien loin de l’image d’un traitement aveugle.
  • Votre rôle est central : en gérant activement les soins de votre peau et en communiquant ouvertement avec l’équipe soignante, vous devenez un partenaire essentiel de votre traitement.
  • La technologie évolue constamment, avec des appareils de pointe disponibles au Québec, qui rendent les traitements plus rapides, plus précis et qui aident à démystifier les anciennes peurs liées aux radiations.

L’immunothérapie, une révolution contre le cancer : comment votre propre corps devient votre meilleur allié

Au-delà des piliers traditionnels que sont la chirurgie, la radiothérapie et la chimiothérapie, une quatrième révolution a émergé : l’immunothérapie. Son principe est radicalement différent : au lieu d’attaquer directement la tumeur, elle vise à stimuler votre propre système immunitaire pour qu’il reconnaisse et détruise lui-même les cellules cancéreuses. C’est une approche qui transforme le patient en acteur principal de sa propre défense. Elle a changé le pronostic de nombreux cancers, comme le mélanome ou certains cancers du poumon.

Fait fascinant, la radiothérapie et l’immunothérapie, autrefois vues comme deux mondes séparés, pourraient être des alliées puissantes. La recherche explore activement leur synergie. En détruisant les cellules tumorales, la radiothérapie libère des antigènes (des fragments de la tumeur) qui peuvent agir comme un « signal d’alarme » pour le système immunitaire, l’aidant à mieux identifier sa cible. La combinaison des deux pourrait donc amplifier la réponse anti-tumorale.

Cette quête de synergie montre que l’avenir du traitement du cancer réside dans la personnalisation et la combinaison intelligente des approches. Même la radiothérapie « classique » continue d’évoluer vers des schémas plus courts et plus efficaces, toujours dans le but d’alléger le fardeau pour le patient. La Fondation pour la Recherche Médicale (FRM) met en lumière une de ces pistes prometteuses :

Les chercheurs étudient des solutions d’hypofractionnement, consistant à irradier plus fortement, mais sur un nombre réduit de séances, voire une seule séance au moment même de la chirurgie. On parle dans ce cas de ‘radiothérapie peropératoire’. Cette stratégie constitue une piste prometteuse pour diminuer le poids du traitement pour les patients.

– Fondation pour la Recherche Médicale, Focus sur la radiothérapie

Que ce soit en s’alliant à l’immunothérapie ou en optimisant ses propres protocoles, la radio-oncologie ne cesse de se réinventer. L’objectif ultime reste le même : offrir le traitement le plus efficace, avec le moins d’impact possible sur votre qualité de vie. Votre traitement d’aujourd’hui est le fruit de décennies de recherche, et la recherche d’aujourd’hui prépare les traitements encore plus performants de demain.

Votre parcours de soin est une collaboration. La prochaine étape est d’utiliser ces informations pour préparer vos questions et échanger activement avec votre radio-oncologue et l’équipe de technologues. Votre voix et votre compréhension sont des outils puissants pour la réussite de votre traitement.

Rédigé par Mathieu Leclerc, Journaliste scientifique spécialisé en technologies de la santé depuis une décennie, Mathieu Leclerc a pour mission de décrypter l'innovation médicale pour le grand public. Il possède une expertise pointue sur l'impact de la télémédecine, de l'intelligence artificielle et des objets connectés sur notre système de santé.